[ OS - Yaoi ] Combien de temps ?

Combien de temps ?




Ils étaient amis depuis... Depuis combien de temps déjà ? Autant que leurs mémoires leur permettaient de se rappeler. Ils s'étaient sûrement connu au jardin d'enfants, ou peut-être un peu plus tard en primaire, ou un peu avant en crèche, ils ne s'en souvenaient ni l'un, ni l'autre et en fait, ils s'en fichaient. C'était comme ça... Pas inséparables, mais pas franchement indissociables non plus. Si on n'en voyait un on savait que l'autre n'était pas loin. Si on s'en prenait à l'un, l'autre répondait, par les mots ou par les gestes. Si l'un était heureux... Ma foi tout dépendait de la raison.

Ils étaient totalement opposés en style, en passion, en passe temps, en filles, en niveau scolaire, sauf peut-être la musique et encore, l'un chantait et l'autre jouait de la guitare, complémentaires mais pas similaires. Non, rien ne les rapprochait hormis cette amitié qui perdurait malgré tout, qui s'obstinait malgré les différences, qui consciencieusement s'était infiltré dans chacun d'eux, au plus profond, ne leur laissant plus le choix.

Ils ne s'entendaient pas particulièrement bien non plus, leurs caractères étaient bien trop contradictoires. Ils ne se parlaient que peu et la plupart du temps ils se contentaient de rester ensembles quelques instants, seuls, sans rien se dire, sans même se regarder avant que l'un des deux ne s'en aille. Quelques minutes volées en la compagnie de l'autre leur suffisaient, leur étaient même indispensables. Ils n'étaient pas proches, mais jamais loin l'un de l'autre.

Ils s'étaient posés des questions bien sûr, mais finalement avaient lâché l'affaire, c'était comme ça et pas autrement, un point c'est tout. Ouais bizarre, sans aucune logique, farfelu, étrange... Oui tout ça, mais tellement plus en même temps. Personne ne les pensait amis, ni même ennemis, ils étaient juste inqualifiables, indéfinissables, inclassables. Ils avaient cherché à comprendre, mais la seule chose de sûr qui en était ressortie était la bouffée d'oxygène qu'ils se prenaient en pleine face quand ils étaient ensemble, le sentiment léger de bien être quand ils étaient côte à côte, la sensation étrange que tout était à sa place.

Ce soir, Tom fêtait ses 16 ans et non, Bill n'était pas invité, ils ne s'invitaient jamais sachant pertinemment que l'autre serait mal à l'aise, avec des personnes totalement inconnues, totalement différentes, totalement indifférentes à lui ou pire encore, moqueuses. Le dreadé passait une bonne soirée, mais avec ce petit quelque chose de manquant. Ses amis l'entouraient et les filles le collaient, il était comme toujours bien entouré, mais comme toujours, le sourire le plus éclatant qu'il décrocha fut pour son portable lorsqu'il lut le texto qu'un certain brun venait de lui envoyé « bon anniversaire ». Simple, presque froid et distant, mais c'était plus important pour lui que tout ce qui l'entourait à cet instant... La fille qui avait sa langue dans son cou, la musique qui pulsait dans ses oreilles, la boisson qui lui chauffait le corps et ses amis qui lui parlaient avec de grands gestes, apparemment quelque chose de drôle, lui était juste totalement déconnecté.

Il ne répondit rien à ce message, pas besoin, Bill savait déjà, imaginait parfaitement le sourire sur sa bouche et la chaleur dans son ventre. Il avait éprouvé la même chose quelques mois auparavant. Leur relation était juste irréelle, insensée, incroyable, incompréhensible et irrationnelle. Ils ne s'aimaient pas, ne se détestaient pas. Ils n'étaient pas attirés l'un par l'autre, mais l'idée était plutôt excitante. Ils n'étaient pas homosexuels, mais l'inexplicable était là, toujours présent en eux. L'impensable devenait envisageable ou plutôt, l'extraordinaire devenait insignifiant... Tout leur devenait égal du moment qu'ils étaient prêt l'un de l'autre.

L'un sans l'autre, ils étaient plutôt communs, normaux, comme tous les ados de leur âge, mais ensemble ils avaient ce quelque chose d'excentrique, de déroutant, d'invraisemblable. Le rappeur et le rockeur, le modèle et le rebel, le riche et le pauvre, manquait plus que la belle et la bête, mais non, même pas possible, ils étaient tous les deux plutôt pas mal dans leur style.

Pour ses 16 ans, Tom s'offrit une nuit avec Stella, rien de plus facile, elle le cherchait, le tentait depuis longtemps déjà. Ce n'était pas sa première fois, même s'il n'avait pas le toupet d'affirmer être franchement expérimenté, il avait eu quelques expériences au préalable. La soirée avait été parfaite, la nuit plutôt bonne, mais la première chose qu'il fit en se levant fut de traverser la route et de frapper à la maison d'en face. Il était déjà midi et un Bill parfaitement réveillé, habillé et maquillé lui ouvrit tout sourire.

_ « Je savais que tu viendrais. » Lui dit-il en ouvrant grand la porte pour le laisser entrer.
_ « C'est la tradition entre nous, mais si tu préfères je repars ? » S'offusqua Tom.
_ « Arrête crétin, aller viens. »

Bill avait déjà tiré sur la manche du blond pour le forcer à rentrer, mais aucune résistance ne s'opposait de l'autre côté et bien vite ils se retrouvèrent dans la cuisine à grignoter des biscuits pendant que Tom buvait un chocolat que Bill venait de lui préparer. Il n'avait pas pris le temps de déjeuner avant de venir, il n'avait pas pris le temps de se coiffer, juste attacher ses dreads avec un élastique, enfiler les mêmes habits que la veille, sentant encore la cigarette, puis s'était faufilé entre ses amis, qui étaient restés dormir à la maison, pour rejoindre le brun.

Pendant presque dix minutes personne ne parla, ils se regardaient de temps à autre, jusqu'à ce que Tom ne se relève. C'était fini, il rentrait chez lui, ils n'avaient rien dit mais les deux souriaient, les deux étaient heureux. C'était con ? Ouais, c'était comme ça entre eux.

Les vacances touchaient à leur fin, tous les jours les deux amis s'étaient vu et toutes les journées s'étaient déroulées presque de la même façon, chez l'un ou chez l'autre, quelques minutes allant jusqu'à quelques heures quand l'un jouait ou quand l'autre chantait, s'endormir ensemble, puis se réveiller seul, l'autre s'étant éclipser sans bruit. Bizarrement, sans même se parler plus que ça, ils se connaissaient quasiment par cœur... Tout du moins, ils le pensaient.

- - - -

Le jour de la rentrée, les copains, les cours, les habitudes qui reprennent leur place. Quelques instants à croiser l'autre dans les couloirs et se voir, se regarder, s'imprégner de son image, de son odeur qui flotte autour pour affronter les prochains moments sans lui. Les heures défilent, les jours passent, les semaines s'enchaînent.

Ils ne se sentaient pas spécialement malheureux l'un sans l'autre, ils en avaient l'habitude depuis longtemps, c'étaient juste que là... C'était plus dur à supporter peut-être. Plus le temps passait et plus ils ressentaient le besoin de se voir, plus longtemps, plus souvent... Ce sentiment, ils l'éprouvaient tous les deux. Ce truc bizarre qui grandissait, ils le réalisaient tous les deux. Et sûrement tous les deux le redoutaient. C'était juste complètement improbable.

Tous les jours ils se retrouvaient sur le toit du lycée, bien sûr qu'ils n'en avaient pas le droit, bien sûr que tous leurs amis le savaient, bien sûr qu'ils s'en moquaient, de ce qu'on pouvait dire, de ce qu'on pouvait en penser, de ce qu'on pouvait en croire ou imaginer...

Comme d'habitude, ils restaient muet, restant assis à regarder le ciel ou à somnoler avant que les cours ne reprennent. Chaque jour était identique au précédent. Chaque rencontre était semblable à celle de la veille. Chaque moment était cependant unique, comme leur relation.

Quel sentiment désagréable que de se sentir peu à peu tomber amoureux de la mauvaise personne. Quelle horrible sensation que de se sentir totalement dépendant de l'autre. Quelle amère impression que de se sentir irrémédiablement jaloux... Quel foutu bordel que de ressentir tout ça.

_ « Tu feras quoi après tes études ? »

La question avait fait sursauter le brun qui détourna rapidement le regard, comme prit sur le vif. Il ne s'était pas aperçu qu'il observait Tom avec insistance et encore moins qu'il le dévisageait depuis de longs instants. Est-ce que le dreadé s'était sentit gêné ? Est-ce qu'il s'en était rendu compte ? Il n'avait toujours pas réouvert les yeux, n'avait pas bougé, toujours les mains derrières sa tête, contre le mur, le visage tourné vers le soleil à capter ses faibles rayons.

_ « Alors ? »
_ « Rock Star bien sûr » Plaisanta Bill.

L'androgyne se senti brûler de l'intérieur. Le sourire qui se dessinait sur les lèvres de Tom le faisait fondre et il se trouvait stupide, se méprisait de penser à de telles choses. Il craquait pour son ami et dieu qu'il détestait ça. Il se releva lentement, époussetant son pantalon des quelques poussières qui s'obstinaient à le coller et partit calmement de leur refuge. Tom ne le regarda qu'à peine, entrouvrant un œil pour le refermer aussitôt. Il avait abordé un sujet qu'ils s'étaient empêchés de souligner jusqu'à présent, l'avenir. Ce futur qui les éloignerait indubitablement. Ils verraient leurs chemins se séparer, leurs horizons se différencier et finalement ne se verraient plus, ou peu. Ils se perdraient de vue, travailleraient durs pour avoir une situation, sortiraient pour trouver la compagne parfaite avec qui fonder une famille, finir sa vie. Penseraient-ils encore à l'autre à ce moment là ? Tous les deux espéraient au plus profond de leur être l'oublier, mais le garder dans un coin de sa mémoire, protégé des autres et du temps à tout jamais, paradoxal ; oui.

_ « Je te vois ce soir ? » Demanda Tom avant que Bill ne quitte le toit.
_ « Non, je vois Lucie. »

Le blond ne dit rien. Lucie était la petite amie du moment de Bill, il la voyait souvent, normale en somme, cela ne dérangeait pas Tom, mais peut-être qu'au fond, le brun aurait souhaité un léger froncement de sourcil, un murmure ou tout autre protestation. Illusion... Il savait que le dreadé ne dirait rien, il ne le faisait jamais et la réciproque était tout aussi valable.

- - - -

Le temps continuait de s'écouler et l'été avait clairement établit son rythme. Les vêtements se faisaient plus légers, les humeurs plus joyeuses, les amours flânant dans l'air. Bill avait quitté Lucie et batifolait maintenant à droite à gauche, s'accordant un plaisir certain et de doux moments. Tom ? Rien n'avait changé. Ils en étaient toujours là, au même point, au stade du... Rien du tout, de la simple amitié. Non, de l'amitié bizarre. Une amitié confuse.

Tom était assit contre le mur, les jambes légèrement ramenées vers son torse. Le soleil cognait fort et malgré sa casquette qui le protégeait il fronçait les yeux. Peut-être regardait-il trop intensément son ami allongé à côté de lui finalement. Bill était là, sur le toit de leur école à se laisser dorer la peau sous la caresse des rayons brûlants. Son regard parcourait l'ensemble de son corps, partant de ses fines jambes recouvertes du tissu noir, sûrement rugueux, de son jeans, passant directement à son visage, ses yeux finement maquillés, son piercing. Puis retraçant la courbe que dessinait ses bras, les mains cachées sous sa chevelure lissée, son torse moulé par un tee-shirt blanc, son tatouage... Son putain de tatouage que son haut ne recouvrait qu'à peine, que son pantalon découvrait presque entièrement, ses hanches fines, sa peau diaphane tentant de rosir au soleil.

Il faisait chaud mais Tom se sentait trembler. Les lèvres de Bill semblaient si douces, si tendres, son souffle si régulier, peut-être dormait-il ? Il craqua complètement lorsqu'il vit la langue du brun venir humidifier ses lèvres tentantes et sans réfléchir il y déposa les siennes. Un échange bref, brûlant et glacé à la fois. Bill avait écarquillé les yeux, surpris, il avait senti sa respiration se bloquer et son cœur faire un bond dans sa poitrine, un douloureux bond. Son visage était encadré par les bras de Tom dont les mains reposaient sur le sol pour se maintenir. Il sentait son souffle sur sa peau et frémissait à cette caresse aérienne.

En l'espace de quelques secondes, quelque chose venait de se briser. Il repoussa violemment le blond qui se retrouva sur les fesses, l'air hébété, paniqué et horrifié à la fois par ce qu'il venait de faire. Bill se mit debout et se précipitait déjà vers la porte. Tom avait réagit presque aussi vite que lui et déjà le suivait en s'excusant, angoissant.

_ « Pardon, je sais pas ce qui m'a pris. Excuse-moi s't'eu plait. Putain Bill dit quelque chose... »
_ « Ne t'approche plus jamais de moi. »

Tom s'arrêta net, pétrifié. Il avait déconné sérieux, il allait en payer cher le prix. Bill avait disparu et le blond plaqua ses mains au derrière de sa tête et resserrant ses coudes contre son visage, le cachant et se maudissant intérieurement, pleurant presque. Il finit accroupi sur le toit de cette école complètement anéanti par ce qu'il venait de faire, par ce qu'il venait de perdre.

Il resta longtemps ainsi, puis finit par s'asseoir, ses mains essuyant sans cesse son visage mouillé de ses pleurs, les jambes relevées contre son torse, tremblantes. Il se retrouva à court de larmes, allongé sur le sol poussiéreux, en plein milieu de ce toit soudainement vide et sans attrait, les membres étirés loin de son corps, en croix. Il regardait les nuages défiler dans le ciel et se méprisait, haïssait cette pulsion , ce moment d'égarement, cette envie dévastatrice qui venait de briser sa vie, qui venait de lui arracher le cœur. Il restait figé, les yeux rougis et irrités, brûlants d'être ainsi devenus secs après avoir tant pleuré. Il n'alla pas en cours, pas envie de le voir, trop peur de le voir. Sa tête était vide de tout, ou pleine de Bill... Il était perdu. Et malgré tout, il ne comprenait toujours pas son geste de folie.

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Ce soir là, il hésita à aller le voir chez lui, mais pas le courage. La lumière était allumée dans sa chambre malgré l'heure tardive, il aurait pu l'appeler, mais pas le courage. Un texto ? Une conversation msn ? Il ne s'était jamais sentit aussi lâche, mais pas le courage... La peur d'être rejeté. Bill avait été clair sur ce point, il ne voulait plus avoir affaire à lui. Tom aurait aimé revenir en arrière, effacer son geste, ou même encore plus loin, redevenir enfant et rire avec lui, jouer avec lui, être normal avec lui et avoir cette relation ordinaire qu'ont deux êtres humains, qu'ils avaient auparavant. Depuis combien de temps était-ce ainsi ? Quand est-ce que cela avait changé ? Quand avaient-ils changé ?

Ils ne se virent pas du week-end et Tom se sentait mal, mais le lundi fut encore pire, Bill l'évitait. Il ne le regardait qu'à peine et les rares fois où leurs yeux se croisèrent le brun détourna le regard systématiquement. Si le blond avait eu des tendances suicidaires, il se serait jeté par la fenêtre qui lui tendait les bras grands ouverts, laissant l'air frais du matin pénétrer les locaux, mais non, ce n'était pas son cas alors il subissait les conséquences de sa démence passagère.

Bill n'était pas venu sur le toit, mais jusqu'à la fin Tom avait espéré le voir, priant intérieurement pour qu'il lui laisse un instant pour s'expliquer, sans même penser qu'il lui pardonne, mais au moins qu'il l'écoute... Mais pour dire quoi finalement ?

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Quinze jours. Quinze horribles et longues journées venaient de passer et pas une fois ils ne se retrouvèrent seuls, pas une fois ils ne se parlèrent. Aux détours d'un couloir, quand Tom croisait le brun, il lui murmurait à sa hauteur des pardons qui restaient sans réponses et il se sentait suffoquer, sûrement la chaleur... Tous les jours, il continuait inlassablement de se rendre à leur point de rendez-vous ou dorénavant il se sentait seul, mais ils ne pouvait abandonner ce lieu qui le rattachait à Bill. Il restait juste là à somnoler ou à regarder le ciel, rien n'avait changé hormis ce poids dans son ventre qui ne voulait plus le quitter, cette boule dans sa gorge qui le faisait s'étrangler.

Bill l'observait, le jugeait, le scrutait. Il ne comprenait pas son geste, encore moins sa propre réaction. Il avait flippé, il flippait encore. La chaleur le faisait transpirer, ou bien la peur. Ses cheveux se collaient contre son visage alors il les attacha pour respirer un peu mieux, avoir moins chaud, mieux voir, mais plus il regardait et plus il se sentait étrange, coupable, fautif. Il s'approcha...

_ «  Tu prends tes aises quand je suis pas là ? » Nargua t-il mal à l'aise.

Tom se redressa brusquement. Son torse nu, brillant de petites gouttelettes d'eau salée, les dreads attachées en queue, tout son corps complètement affolant et son regard ; soulagé, troublé, heureux et reconnaissant. Il se mordait la lèvre, la peur de mal dire les choses l'empêchant de parler. Bill ne pouvait détourner le regard, il le trouvait juste... A croquer ? Est-ce que c'était cette sensation qui avait poussé Tom à agir ? Son piercing tournait dans bouche et ses dents le mordillaient violemment, une furieuse envie d'embrasser son ami s'emparait petit à petit de lui. Il vint s'asseoir à côté de lui, regardant le ciel et laissant la pression retomber doucement.

Il se sentait con, jamais il n'avait éprouvé un truc si intense, aussi flippant, surtout avec ces circonstances. C'était un homme, son meilleur ami, celui avec qui il avait presque grandit et il voulait l'embrasser, il crevait de sentir ses lèvres sur les siennes.

_ « Tu sais je suis vraiment désolé... » Commença Tom.
_ «  C'est bon, laisse tomber. Pas grave. Je m'y attendais pas c'est tout. »

Ils ne se regardaient pas, étaient pires que gênés, mais au moins ils étaient ensemble. Tom se rallongea, soulagé et soupira doucement. Bill, lui, rougissait sous ses pensées qui l'assaillaient sans faiblir. Les choses redeviendrait-elles comme avant maintenant ?

Les minutes défilaient, silencieuses, et les deux jeunes hommes ne cessaient de se regarder en coin. Les yeux de Bill ne pouvaient s'empêcher de dévier sur le corps de Tom, son torse musclé et sa peau tannée. Elle lui semblait douce au toucher, elle lui semblait chaude. Elle l'hypnotisait. Il avait l'impression de sentir son odeur venir frôler ses narines et enivrer ses sens, exciter ses envies. Dans d'autres circonstances, peut-être que...

_ « Tu veux qu'on en parle ? » Demanda Tom.
_ « Non, pas vraiment. »

Le blond se contenta d'acquiescer d'un léger hochement de tête, ne sachant même pas si Bill le voyait, ses yeux restant inexorablement fermés. A vrai dire, cela l'arrangeait assez, il n'aurait jamais su quoi dire au brun pour justifier son acte. Un moment de folie, c'était tout ce qui lui venait en tête, mais même malgré le froid que cela avait instauré entre eux, il avait adoré l'embrasser et peut-être était-ce cela qui le troublait le plus finalement. Ce simple contact entre leurs lèvres l'avait électrisé, il l'avait rendu dingue et il ne pensait plus qu'à une chose maintenant, recommencer en avoir encore plus. Bien sûr jamais cela n'arriverait, en aucun cas il ne voulait perdre Bill, en aucun cas il ne voulait qu'il le haïsse. Ils se contenteraient de rester ce qu'ils avaient toujours été, des amis un peu particuliers.

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Les choses avaient petit à petit repris leur cours. Les deux adolescents se voyaient tous les jours, ne manquant aucun de leur rendez-vous sur le toit, grappillant chaque seconde supplémentaire en la compagnie de l'autre. Les vacances arrivaient à grands pas, mais pour eux, cela ne changeait rien.

_ « Bill ? »
_ « Hum... »
_ « Quand tu seras Rock Star, tu crois que j'aurais ma place à tes côtés comme musicos ? » Demanda t-il pensivement.
_ « Bien sûr, tu croyais pouvoir te débarrasser de moi ? Raté. »

La sincérité et la rapidité avec lesquelles Bill avaient répondu troublait le blond. Tom le regardait avec insistance et il se sentait rougir malgré lui. Il s'en voulait presque d'avoir répondu si vite, mais finalement, Tom referma les yeux et se mit à sourire, et Bill craquait complètement. Non les choses n'avaient plus rien à voir avec avant. C'était différent, mais tellement mieux dans un sens.

Pour une fois, la première même, ils descendirent en même temps de ce toit. Ils avaient attendu jusqu'à la dernière minute, jusqu'à ce que la cloche sonne et qu'ils n'aient plus le choix. Ils descendaient les marches calmement, paresseusement. La chaleur ne manquait pas d'assommer les gens, mais pour eux, c'était plutôt l'envie d'être encore un peu ensemble qui dictait leur lenteur. En arrivant dans le couloir, ils ne manquèrent pas d'attirer le regard, jamais auparavant on ne les avait vu ensembles, aussi proches, marchant côte à côte. Tout le monde savait qu'ils se connaissaient, qu'ils se côtoyaient, mais les voir était étrange, presque inattendu, inespéré. Ce fut Gustav, un très bon ami de Tom qui brisa le charme qu'ils avaient créé autour d'eux.

_ « On se voit ce soir comme prévu Tom ? Chez moi ? » Demanda t-il comme pour s'assurer de quelque chose.
_ « Non en fait j'ai des trucs à faire avec Bill. »
_ « Oh, bah ok pas grave on jouera une autre fois. » Répondit Gus en souriant.

Il avait sa réponse, il en était content. Il connaissait Tom depuis de nombreuses années et connaissait l'ombre du brun depuis aussi longtemps. Il s'éloigna des deux autres comme il était venu et rentra dans la salle de cours et Bill se tourna pour parler discrètement au blond.

_ « Tu aurais pu y aller, on n'a rien prévu de spécial. »
_ « Si, on a prévu d'être ensemble, ça c'est spécial pour moi. »

Et Tom s'éclipsa sans se retourner, n'imaginant même pas l'effet que ses quelques mots avait eu sur le brun. Il les pensait bien sûr, mais avaient-ils la même signification pour les deux ?

L'après-midi passa lentement pour Bill. Il ne suivait aucun cours, perdu dans ses pensées, n'écoutait que très peu ses amis, et regardait par la fenêtre les quelques nuages blancs voler dans le ciel bleuté. Pour lui aussi c'était tellement spécial d'être avec Tom, bien plus qu'il ne voulait se l'admettre, bien plus qu'il ne voulait y croire, bien plus qu'il ne pouvait accepter. Cela remettait tellement de choses en compte et plus que tout, il avait peur d'être homo... Mais le corps de Tom, pour ce qu'il en avait vu, mon dieu qu'il lui plaisait et ça le paniquait totalement.

Il resta focalisé sur ses pensées, entre fantasmes et craintes, pendant toute la fin de journée et ne se 'réveilla' qu'avec la sonnerie qui libérait tous les étudiants. Il ramassa le peu d'affaires qu'il avait sortit et quitta la pièce. Dans le couloir, il aurait voulu le cacher, mais son sourire était trop tenace sur son visage, Tom l'attendait là, adossé contre le mur.

Pendant le trajet qui les ramenait chez eux, le silence était toujours présent, mais tellement moins qu'avant. Un léger dialogue s'était instauré entre eux au fil du temps. Ils parlaient de leur journée, de tout et de rien comme tout le monde, comme ils le faisaient auparavant, comme ils avaient oublié de le faire pendant si longtemps. Ils se parlaient et cela leur faisait un bien fou, cumulé à cette sensation étrange dès qu'ils se retrouvaient avec l'autre, ils se sentaient légers, la possibilité de planer leur semblait presque à portée de doigts. Ils se sentaient juste tellement bien, encore mieux qu'avant.

Ils rentrèrent chez le blond et montèrent directement dans sa chambre. Après avoir balancé leurs sacs dans un coin de la pièce ils s'installèrent sur le lit, Bill assis en tailleur et Tom allongé de tout son long, les mains derrières la tête.

_ « Tu devais faire quoi chez Gustav ? » Commença Bill.
_ « Hein ? Oh, on devait faire de la musique. Il est batteur et Georg - tu connais Georg ? - Est bassiste. On joue souvent ensemble après les cours, ça nous détends et je dois bien l'admettre, on est plutôt bons... » Se vanta Tom en plaisantant.
_ « Et modestes. » Bill avait bousculé le blond avec son pied pour le faire réagir et Tom avait rit.
_ « Toujours. Mais bon, c'est pas comme si c'était faux. »

Le dreadé reçut un oreiller sur la tête et il sursauta avec indignation. Son agresseur allait s'en mordre les doigts et se repentir bien vite, parole de Tom. Il se releva d'un bond et se jeta presque sur le brun pour le chatouiller, l'attaquant d'assauts répétés, faisant presque pleurer Bill sous la torture. Il se contorsionnait dans tous les sens pour lui échapper, mais Tom avait une position des plus avantageuses. Il était à genoux au dessus de lui, Bill s'étant laisser glisser au fur et à mesure, le long du mur qui le soutenait précédemment. Puis, comment cela en était arrivé là ? Ils se retrouvèrent bouche contre bouche, la respiration encore rapide de l'effort qu'ils venaient de fournir.

Bill aurait voulu protester, le repousser, mais il en était parfaitement incapable, il adorait ça. Il sentit la langue du blond venir taquiner ses lèvres avec envie et il ferma les yeux. Il sentait l'odeur de Tom l'enivrer, le faire basculer dans quelque chose totalement érotique et il en voulait plus. Il ne comprit pas à quel moment il ouvrit la bouche, ni même quand est-ce qu'il amena sa langue à venir caresser celle de Tom, mais maintenant ils s'embrassaient passionnément. Il goûtait cette sensation étrange et nouvelle avec avidité et il se retrouva à bander comme jamais, ce baiser l'enflammait, le consumait jusqu'au plus profond de lui. Il ne cherchait plus à comprendre, il ne cherchait plus à analyser ce qui se passait, il se contentait d'en savourer chaque instant.

Tom se recula, remarquant les mains de Bill crispées contre son tee-shirt. Il n'avait pas bougé, il s'était accroché à lui pour le repousser lors des chatouilles et même s'il suivait le baiser, il ne bougeait pas. Tom se sentit mal, il avait peur de ce qu'il venait de faire.

_ « Je suis désolé, je... »
_ « Moi aussi. » Le coupa Bill.

Et ses doigts quittèrent le vêtement pour se précipiter sur les joues du blond. Il l'attira presque violemment contre lui pour plaquer ses lèvres sur sa bouche et emmener directement sa langue à la rencontre de celle du blond. Tom hoqueta de surprise avant de se laisser totalement aller dans l'étreinte. Leurs souffles se mélangeaient avec frénésie, aussi intensément que leurs langues se liaient, aussi brusquement que leurs doigts se crispaient de désir, ceux de Tom sur les hanches de Bill, et ceux de Bill dans les dreads de Tom. Les minutes passaient et leurs respirations devenaient courtes, saccadées. Leurs langues batifolaient librement hors de leurs bouches et les mains s'aventuraient peu à peu sur le corps de l'autre, timidement et sauvagement à la fois. Ils ne se contrôlaient plus, l'envie avait été refoulée depuis trop longtemps pour être refrénée maintenant.

Tom s'allongea lentement sur le corps du brun qui n'opposa aucune résistance et ils se sentaient tous les deux excités. Le baiser devenait plus sensuel, plus doux et lorsque Bill passa une main sous le tee-shirt de son ami, celui-ci rougit d'embarras en s'entendant gémir dans sa bouche, mais se détendit aussitôt, sentant le sourire du brun contre ses lèvres.

C'était tellement étrange et tellement naturel en même temps qu'ils ne savaient pas trop comment agir. Ils avaient l'impression qu'ils n'avaient attendu que ça depuis des années sans se l'avouer, en refusant d'ouvrir les yeux.

_ « On est dans la merde » Marmonna Tom entre deux baisers.
_ « Complètement » Répondit le brun plus tard, une fois sa bouche libérée un court instant.

Leurs virilités dressées les faisaient souffrir délicieusement en se frottant au travers des habits et Tom commença à onduler, presque imperceptiblement, contre Bill qui ne pouvait que se cambrer pour en quémander un peu plus, un peu plus fort. Il se sentait frémir sous l'attention, il se sentait trembler sous le contact, il se sentait bouger involontairement sous la caresse. Les gémissements se faisaient un peu plus francs, les mouvements un peu plus sûrs, les assauts un peu plus rapides.

Bill sursauta, Tom venait de lui ouvrir le pantalon d'un geste brusque, défaisant tous les boutons de son jeans d'un seul coup. Avantage, il n'avait pas eu le temps d'angoisser. Il sentit la main du blond se faufiler dans le vêtement ouvert jusqu'à se poser sur ses fesses. Sa main était chaude, grande, douce, agréable et le forçait à courber le dos d'avantage, la sensation n'en était que meilleure. Il rejeta sa tête en arrière, cessant le baiser, mais là, c'était jute trop. Tom s'empara de son cou, le parcouru de sa langue, le lécha, accentuant sur la pomme d'Adam en finissant par la suçoter de manière tout à fait indécente. Il laissait par endroit de légères marques et d'autres un peu plus prononcées qui resteraient peut-être un peu plus longtemps. Il s'attardait plus que de raison, mais ils s'en moquaient, c'était tellement bon. Ce qu'ils éprouvaient les rendait presque fous, fous de désir et d'envie.

_ « Attends, laisse-moi... »

Bill repoussait un peu le blond pour passer ses mains entre leurs corps collés et Tom l'avait au début regardé un peu paniqué, de peur qu'il regrette, mais non, ses doigts commençaient à remonter le tee-shirt trop grand, encombrant du blond, jusqu'à le lui retirer totalement. Il laissa ses mains glisser le long de son torse qui l'avait tellement fait fantasmer ces derniers temps et le caressa, d'abord du bout des doigts, puis plus franchement. Il n'en avait jamais assez de toucher sa peau et dans un coin de sa tête il pensait à ce que cela serait d'être nu contre lui. Il se sentit frissonner rien qu'à l'idée. Leurs yeux se croisèrent et ils reflétaient la même intensité, le même désir, la même impatience et les mêmes craintes et bon dieu, ce même putain d'amour inconditionnel.

Ils avaient presque 17 ans, étaient homosexuel et aimaient leur meilleur ami. La vie est parfois étrange, découvrir ça du jour au lendemain ou plutôt, n'ouvrir les yeux que si tard, mais pour l'heure, ils ne se posaient pas ce genre de question, ni aucune autre d'ailleurs hormis celle de se soulager le plus agréablement possible.

Ils tremblaient tous les deux, presque des pieds à la tête et pour tout dire, ils flippaient un peu aussi. C'était une première pour tout l'un comme pour l'autre et ils ne savaient guère comment faire en fait. Les doigts hésitants du brun défirent lentement le pantalon de l'autre, ne le baissant qu'un peu et il se mordit violemment la lèvre en sentant une main s'immiscer dans son boxer et venir frôler son sexe tendu, timidement. Tom était novice, mais le regard de Bill l'incitait à continuer, enserrant entre ses doigts le membre déjà humide. Il le regardait dans les yeux tandis qu'il commençait de douces caresses et Bill avait bien du mal à ne pas rougir... En fait il avait très chaud et se doutait que son teint n'avait déjà plus rien de sa pâleur d'origine.

Tom jouait, explorait, admirait. Tout Bill le fascinait, son corps excitant, sa voix entêtante, ses mouvements obscènes. Rien que le caresser lui procurait un plaisir indéfinissable, mais de sentir les doigts du brun sur son sexe le fit gémir et se crisper, tous ses sens en éveil. Les gestes étaient d'abord maladroits, tout comme lui au début, puis Bill l'embrassa, sans doute pour oublier l'embarras qui les submergeait en ce moment, ou peut-être pour ne savourer que d'avantage le plaisir.

Le baiser était sauvage, reflétant l'envie qui les habitait, mais Tom cessa de le toucher et dans l'incompréhension la plus totale, Bill le regarda. Le dreadé avait les yeux fermés, tentant de reprendre un souffle normal, la tête légèrement baissée et Bill se mit à paniquer de façon totalement incontrôlable.

_ « Tom... Tu... Qu'est-ce qu'il y a ? » S'inquiéta t-il.
_ « Je veux... Te sentir plus que ça. »

Tom avait rougit adorablement et Bill sourit. Il se précipita presque en enlevant son tee-shirt, laissant le blond le regarder avec curiosité.

_ « Suffisait de demander, j'en crevait d'envie aussi. » Se sentit obliger de se justifier le brun.

Ils se mirent à rire, toute la tension venant de s'envoler d'un coup. Ils s'embrassèrent tendrement, longtemps et Tom se mit à genoux entre les jambes de Bill, posant ses mains sur ses hanches pour attraper le pantalon.

_ « Je peux ? »

Bill hocha timidement la tête en guise de réponse et le vêtement glissa le long de ses jambes, suivit par son boxer. Ils se sentaient pire que deux vierges effarouchées, mais c'était tellement bon qu'ils s'en moquaient royalement. Tom se mordit la lèvre, la vue qu'il avait été imprenable et loin de le dégoûter, ne l'excitait qu'encore plus. Il revint se coller contre le brun et renouvela ses baisers, mais se détacha de lui pour regarder les mains de Bill descendre son sous-vêtement, pas beaucoup, mais suffisamment pour qu'ils se sentent mutuellement lorsque les jambes du brun enserrèrent la taille de Tom pour le plaquer contre lui, subitement, délicieusement.

Et les mouvements reprirent, rapidement sauvages et intenses, profonds et durs. Ils étaient front contre front, ne respirant qu'un seul et même oxygène, celui qu'ils créaient. Ils s'embrassaient, entremêlant leurs saveurs. Ils se caressaient, s'imprégnant de leurs douceurs. Ils se sentaient venir, un orgasme fort. Ils l'attendaient, le désiraient et le retenaient en même temps, espérant faire durer ce moment à jamais. Leurs souffles, hachés par le plaisir, se faisaient difficiles, leurs gorges les brûlaient de trop haleter et leurs corps entier devenaient douloureux de l'effort qu'ils leurs demandaient, mais pour rien au monde ils ne voulaient arrêter, sans doute trop anxieux que tout ne soit qu'un rêve.

_ « Je vais... J'en peux plus » Lâcha Tom

Ce fut le signal car tous les deux se délivrèrent en même temps, gémissant sans retenue leur plaisir, leurs semences allant s'étaler sur le ventre de Bill et sans même s'en soucier, Tom s'allongea sur lui, collant leurs corps humides de transpiration. Ils restèrent un long moment ainsi, retrouvant petit à petit leurs esprits et leurs respirations. Tom passa ses bras dans le dos du brun et serra son corps, embrassant son cou de baisers amoureux et cette étreinte avait quelque chose de mélancolique. La peur de tout perdre peut-être.

_ « Hey ? » S'inquiéta le brun en frottant un peu le dos de Tom pour le rassurer, le faire parler.
_ « On est dans la merde, je crois bien que je t'aime. »

Tom avait parlé sans même relever la tête, la laissant plongée dans la chaleur du cou de Bill et celui-ci sourit en resserrant son bras sur le dos de son amant.

_ « Ouais, complètement. Parce que moi j'en suis sûr. »

Une amitié unique, une relation étrange, une passion étonnante pour un couple improbable.

La vie peut-être étrange parfois, mais parfois, elle peut-être tellement bien faite finalement...


FIN.

ah j'adore
j'ai beau etre malade comme un chien
j'ai trop kiffer cette Os et aussi se Lemon poooowa
j'adore quoi...

TROP MAGNIFIQUE L'OS!!!!!
Wow!!!!
...
*mode pause*
J'ai adoré!!!
J'avais trop besoin de lire un truc comme ça en ce moment bah là!!!
Pas déçue du tout!!
C'était magnifique!!!!



Je crois que c'est un de mes préférés, voir même le préféré!!!!
Wow!!!
J'en suis encore toute chose...
(oui chose pas chaude... xD)

Un autre???
ou une fic carrément???
=D

merci beaucoup 8D Et pour te répondre, j'ai encore un OS en cours d'écriturage, une demande qu'on m'as faite, et ensuite j'attaque une fic. Voilà pour les news =).

Cooooooooooooool!!!!!!!!!!!!!!!!
=D
quel genre de fic????
(ma curiosité me perdra!!!!xD)